Gaza est lentement en train d'être étranglée...

Publié le par Le Blog du MRAP Fédération de Moselle


Le quotidien britannique "The Independent " a consacré son éditorial du 9 septembre 06 au siège par l’armée israélienne de la bande de GAZA. Un siège brutal que le monde ne doit plus ignorer.


   Cette petite bande de terre sur les côtes orientales de la Méditerranée est depuis plus de trois mois sous un siège de l’armée israélienne. Ses 1.3 million d’habitants ont subi plus de 270 raids aériens, de nombreux raids terrestres et un bombardement d’artillerie sévère.

Depuis que la seule centrale électrique de Gaza a été bombardée en juin, ses habitants survivent la nuit tombée à la lumière des bougies. Les hôpitaux utilisent des générateurs électriques pour maintenir les services essentiels.

Les principaux réseaux d’eau de la Bande de Gaza ont été détruits provoquant des graves problèmes d’approvisionnement et augmentant les risques de maladies. Les ponts ont été bombardés et les check-points fermés. Aucun Palestinien n’a le droit d’entrer ou de sortir de ce qui est devenu en réalité, une prison.


Distribution de pain et de soupe à Hebron en Cisjordanie.
Environ 65% des Palestiniens de Cisjordanie  et de
 la bande de Gaza vivent sous le seuil de pauvreté
 suite aux mesures de rétorsion internationales -
Photo : Nayef Hashlamoun


Tout ceci a mis l’économie palestinienne à genoux. La majorité des familles palestiniennes sont obligées de compter sur l’aide alimentaire des Nations unies. Mais même le soutien du monde extérieur de ces personnes a été sévèrement diminué. Quand le Hamas a gagné les élections palestiniennes en janvier, les Etats-Unis et l’Union européenne ont décidé d’arrêter leur financement des institutions gouvernementales de l’Autorité palestinienne tant que l’organisation militante ne renonce pas à la violence et qu’elle accepte de reconnaître à Israël son droit à l’existence.

Un conseiller du Premier ministre israélien s’est référé à cela en plaisantant « c’est comme si on mettait les Palestiniens au régime ». Mais le résultat de tout ça a été l’écroulement total de la société palestinienne. La fonction publique qui soutient un quart de la population, n’a pas reçu de salaire depuis 6 mois.

Selon les Nations unies, des dommages de 25 Milliards d'euros ont été infligés à Gaza depuis le début de cette opération. Mais ce qui est bien plus grave c’est le prix payé par les vies humaines. En juillet et en août, quelque 251 Palestiniens (dont la moitié des civils) ont été tués par les actions militaires israéliennes. Ces morts incluent des femmes, des enfants et des personnes âgées. Des centaines d’autres personnes ont été blessées.

Et pourtant, tandis que tout cela se déroulé (les effusions de sang, la faim, l’effondrement social) le monde a regardé ailleurs. La communauté internationale a été préoccupée par la situation qui empire en Irak, en Afghanistan ou par la guerre d’Israël avec le Liban. Et alors que les habitants du Liban pouvaient fuir les bombardements israéliens, les habitants de Gaza n’ont pas cette liberté.

Le gouvernement israélien prétend que son blocus a pour but d’assurer le retour du caporal Shalit, un soldat kidnappé en juin après un raid d’une faction du Hamas. Un autre objectif, nous disent-ils, est d’empêcher les militants de tirer des roquettes Qassam sur les villes et villages israéliens. Même si nous acceptons cela, ces méthodes sont totalement disproportionnées.

Cinq Israéliens ont été tués par des Qassams ces 6 dernières années. Cela justifie-t-il une réponse aussi létale sur Gaza ? L’opération est également très discutable d’un point de vue de perspective pratique. Le gouvernement israélien s’attend-t-il vraiment qu’en avilissant toute la population de Gaza de cette manière il obtiendra la libération du caporal Shalit ?

En fin de compte, nous devons admettre que le retour de l’armée israélienne à Gaza concerne moins le fait de mettre fin aux attaques de roquettes, d’obtenir la libération du caporal Shalit ou même de faire partir le Hamas et plus une envie d’imposer une punition collective au peuple palestinien en pensant que c’est dans l’intérêt de l’Etat d’Israël de faire cela.

Ce n’est certainement pas le cas. Les intérêts sur le long terme d’Israël dépendent, comme cela l’a toujours été, sur la progression vers la solution de deux Etats. Le prix important à payer est la normalisation des relations entre les Palestiniens et les Israéliens. Chaque jour qui passe où la population de Gaza voit sa dignité niée, chaque fois que plus de Palestiniens innocents sont tués par des missiles israéliens perdus, une telle solution s’éloigne de plus en plus.


The Independent - Editorial du 09/09/06
Traduction : Ana Cléja
Site du quotidien
The Independent

Publié dans Proche et Moyen-Orient

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