"On est chez nous"

Publié le par Le Blog du MRAP Fédération de Moselle

Nous, qui sommes des enfants héritiers de l'immigration, demandons : combien de fois faudra-t-il le crier ? Combien de fois faudra-t-il le répéter ? Nous sommes français ! Nous ne pouvons plus supporter que certains représentants de cette République nous attaquent, nous réduisent, nous humilient, nous montrent du doigt...

Comment accepter que les ministres de cette République laïque refusent de comprendre que la religion est un choix, non une naissance ou une couleur de peau, que la religion est affaire privée et non publique... Il serait temps que certains représentants du peuple français cessent de donner des leçons à leurs concitoyens, de semer la confusion entre "civilisation" et "politique", "culture" et "citoyenneté", passant outre le sens des mots de notre langue française, comme la complexité de l'histoire, et la différence entre les idées et les peuples, autant d'approximations que l'on dirait là pour masquer l'indicible notion de "race"...

 

La civilisation française n'appartient pas plus à nos représentants actuels qu'à nous tous ! Nous, les enfants de l'immigration, Français parmi les Français, nous refusons d'être toujours et encore pris à partie, utilisés, caricaturés pour agiter les peurs et les haines. Hier, il y avait les Espagnols, les Portugais, les Italiens, les juifs. Aujourd'hui, on agite chaque jour la peur du musulman, et on voit déjà pointer les reproches au Chinois ou au Roumain...

Malgré nos différences, malgré notre multitude et notre diversité, montrons-leur que nous sommes unis ! Montrons-leur que nous sommes comme les autres ! Nous sommes des citoyens français !

 

Nous n'avons pas l'intention d'envahir ou d'écraser, nous sommes là, comme nous sommes. On est chez nous ! Nous ne sommes pas des victimes, malgré la discrimination à l'embauche, malgré les arrestations au faciès, malgré la violence des propos sans cesse répétés par les ministres de l'immigration, depuis cinq ans.

 

Nous ne sommes pas des victimes, nous ne sommes pas des revanchards. Et si une minorité de Français nous montre du doigt comme des étrangers, nous savons qu'une grande partie des Français nous considère depuis longtemps comme des leurs. Nous devons lutter pour prendre notre place. Nos places dans la République, nos places au coeur de l'Assemblée nationale, des partis politiques. Car ces trois mots "Liberté, Egalité, Fraternité" doivent avoir le même sens pour tous les Français !

 

Ne nous laissons pas réduire à des voiles, à des accents ou à des croyances ! Ils nous rejettent, ne nous mettons pas à l'écart ! Ce harcèlement moral à l'égard des "musulmans", des "racailles", des "voyous" que nous sommes, attaque le système nerveux. Il faut le vivre pour le comprendre ! Il pénètre dans tous les pores de la peau, il vous donne des envies de "vous ne m'aimez pas, et bien je ne vous aime pas non plus !", des envies de siffler l'hymne national, des envies de paranoïa et d'amertume, des envies de retour au bled...

Ne leur laissons pas ce plaisir.

 

Nos parents ont fait la route, ils sont venus du monde entier et ils se sont posés là. Nous, on est d'ici et on y reste ! Nous n'oublierons pas d'où nous venons, nous n'avons pas besoin de renier notre histoire pour entrer dans l'histoire de France. Nous sommes français ! Le drapeau français est à nous ! L'hymne national est à nous ! La laïcité est à nous ! Rassemblons-nous partout en France, quelles que soient nos origines, tous ensemble et pareillement français ! Brandissons le bleu, le blanc et le rouge au-dessus de nos couleurs et montrons-leur nos cartes d'électeurs !

 


On est chez nous !

Appel lancé le 13 février 2012 par :

Margueurite Abouet, Mehdi Thomas Allal, conseiller pédagogique ; Sophia Aram, humoriste ; Yagoutha Belgacem, directrice de Siwa Plateforme, membre du Manifeste des libertés ; Frédéric Chau, comédien ; Baya Kasmi, scénariste ; Karim Miské, réalisateur ; Rosa Moussaoui, journaliste ; Yannick Noah, chanteur.

 

Publié dans Citoyenneté

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