Guerres civiles au Moyen-Orient

Publié le par MRAP Moselle



Une analyse de la situation au Moyen-Orient par Mustapha Hammouche, journaliste de Liberté, quotidien algérien d’expression française. 12.12.2006

 Le Moyen-Orient s’enfonce lentement, mais sûrement dans des affrontements fratricides. L’Irak, fragilisé par l’intervention alliée, est entré en guerre civile. S’ils ne l’ont pas provoquée, l’Iran et l’Arabie Saoudite l’encouragent désormais, le premier en activant ses partenaires chiites, le second en patronnant le combat de la communauté sunnite.

Maintenant que l’influence de ces pays et de la Syrie sur les évènements qui déchirent l’ancienne Mésopotamie est homologuée par la puissance occupante, il faut s’attendre à une surenchère croisée de leur part. Chacune de ces “sous-puissances” aura à cœur de justifier son rôle dans une solution politique, au demeurant hypothétique, au vu du niveau de haine accumulée et de la disponibilité des moyens de destruction dans les deux camps.


Au Liban, la pression déterminée du Hezbollah pousse le pays droit vers l’explosion. Sauf salutaire compromis, le gouvernement Seniora devrait essuyer l’épreuve de la force contre un mouvement qui a capitalisé des capacités de combat, un armement et une popularité qu’il met, désormais, au service de ses ambitions locales et de la stratégie des puissances dont il est le prolongement interne.

Le déni de droits et la brutale répression opposée aux Palestiniens ne sont pas étrangers à la dérive fratricide, notamment au Liban et en Palestine, même si les “grands frères” arabes y trouvent aussi un terrain d’affrontement stratégique et idéologique à moindres frais : ils ont l’excuse de “la cause arabe” et l’avantage de se trouver un théâtre d’opérations éloigné et qui leur évite les préjudices de confrontations directes.


Justement, en Palestine, la dislocation de l’Autorité se poursuit. Encouragé par le soutien financier promis par l’Iran, le Hamas ne semble plus disposé à la concession d’un gouvernement de technocrates préalablement faite au président Abbas.
Les négociations sur l’Exécutif risquent, d’ailleurs, d’être vite dépassées sur le terrain par l’affrontement entre les deux “polices” du Hamas et du Fatah. Il y a peu de chances alors que la solution Abbas, une élection législative anticipée, puisse être concrètement mise en œuvre.

Israël qui ne se cache plus de faire partie des États “responsables” qui peuvent se permettre l’arme atomique peut se réjouir du spectacle de ses adversaires succombant aux déchirements ethniques et idéologiques. Il peut souffrir le chagrin d’une “victoire” du Hezbollah, si c’est pour en arriver là. Il sait que c’est par la confrontation sourde, mais permanente des antagonismes arabo-musulmans, autant que par le soutien inconsidéré des puissances occidentales, qu’il assure sa sécurité.

Il n’y a aucune raison qu’Israël et ses soutiens reviennent de cette posture faite de répression dans les territoires palestiniens et de provocation dans sa politique envers ses voisins, s’il sert ainsi de prétexte à la violente émulation que cultivent ses ennemis. Surtout que, dans une évidente compréhension, les puissances qui tiennent lieu de communauté internationale laissent faire.

Pendant ce temps-là, au Moyen-Orient arabe s’allument les foyers des prochaines guerres civiles.

Publié dans Proche et Moyen-Orient

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