Irak : Bush accusé de nourrir la violence

Publié le par MRAP Moselle

Un article de Philippe Grangereau du quotidien Libération, paru le 28.09.06

Le président a dû publier des extraits d'un rapport des services secrets, au moment où, sur le terrain, s'intensifie une sanglante guerre civile.

La guerre en Irak a aggravé la menace terroriste contre les Etats-Unis en suscitant l'émergence d'une nouvelle génération de radicaux islamistes. L'accusation émane de l'opposition démocrate, qui s'appuie sur des extraits d'un rapport des services secrets américains «fuités» dans le New York Times de  samedi. En réponse, le président George W. Bush a dénoncé une «manoeuvre politique», ces extraits ne reflétant pas selon lui la tendance générale du rapport. Pour se défendre, la Maison Blanche a rendu public mardi soir un abrégé de trois pages de cet épais document (intitulé «Tendances du terrorisme mondial : implications pour les Etats-Unis»), élaboré en avril par 16 agences de renseignements, dont la CIA. La surprise est qu'il est très loin de conforter les affirmations de Bush, selon lesquelles l' «Amérique est en train de gagner la guerre contre la terreur».
   
Le rapport estime qu'un échec de l'armée américaine en Irak encouragerait davantage de jihadistes. Mais semble désavouer l'approche suivie jusqu'alors par l'administration Bush en suggérant que la solution au problème du terrorisme est moins militaire que politique. «Contrecarrer l'extension du mouvement jihadiste exigera des efforts multilatéraux coordonnés et doit aller au-delà des opérations visant à capturer ou tuer des chefs terroristes.»

L'opposition démocrate a qualifié la publication sélective de ce document secret de «partiale», laissant à penser que l'intégralité du rapport est plus pessimiste encore. Les extraits de ce travail d'analyse, énoncent des évidences «connues par tous les Américains lisant un journal, regardant la télévision ou connecté à l'Internet», notait hier l'éditorialiste du New York Times. Mais dans un pays où, selon un récent sondage, près d'un tiers des adultes est toujours persuadé que Saddam Hussein a joué un rôle dans les attaques du 11 Septembre 2001, ce document a de quoi choquer.

Les nouvelles du front continuent d'être mauvaises. Le Washington Post a publié hier sur quatre pages les photos et les circonstances de la mort des deux cent sept militaires américains tués entre le 4 juin et le 19 septembre en Irak et en Afghanistan. La quasi-totalité d'entre eux a péri dans des «embuscades», des «explosions au passage de leur véhicule», sous les balles de snipers ennemis, en désamorçant des bombes, ou à la suite d'accidents. Seule une poignée d'entre eux a perdu la vie lors d'opérations offensives. Ce bilan laisse l'image frappante d'une armée américaine vivant retranchée, sur la défensive.

Lundi, trois hauts gradés à la retraite ayant servi en Irak ont demandé la démission du secrétaire d'Etat à la Défense Donald Rumsfeld, qu'ils ont accusé d' «incompétence au niveau stratégique, opérationnel et tactique».  «Lui et d'autres dans l'administration, a tonné le général John Batiste, n'ont pas dit la vérité au peuple américain par peur de perdre leur soutien pour la guerre en Irak.»

Publié dans Proche et Moyen-Orient

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